•  Le nom, ce mélange de signes vocaux ou scripturaires qui désigne une réalité singulière, ne dit rien de cette réalité. Il ne dit rien encore de l'objet ou de l'animal qu'il désigne, mais il l'appelle, le convoque, l'apprivoise, le domestique, le maîtrise ; il le fait entrer dans l'imaginaire et la conscience humaines et, de cette manière, le familiarise, l'humanise. En ce sens, le nom recèle une efficace magique. Il paraît donner à celui qui le possède, le connaît et le prononce, le pouvoir de posséder l'objet ou l'être qu'il désigne.

     

    Chez les anciens, nul écart ne distinguait le signifié du signifiant. Le nom était la chose ; connaître le nom d'un être permettait d'avoir sur lui puissance et pouvoir.

     

    Les écrits sumériens racontent que le dieu Marduk fut sommé par ses pairs de faire ses preuves en proférant les noms qui allaient faire apparaître les êtres nommés. Le nom, alors, était verbe créateur qui nommant le monde le créait, l'animait et le mettait en mouvement. Aussi les anciens considéraient-ils que les noms étaient des dons divins, que les dieux pouvaient manipuler et changer à loisir, changeant et manipulant ainsi le monde. Toutefois l'homme, en inventant l'écriture, se dota du même pouvoir que les dieux, s'autorisant à son tour à manipuler le réel, au moyen des noms enfermés dans les signes qui désormais les visualisent. Une légende sumérienne du IIIème millénaire avant J.-C. narre l'invention de l'écrit par le roi d'Uruk, Enmerkar, lors de son conflit avec Ensuhgirana, roi d'Aratta ; elle illustre à merveille cette efficace magique du langage [cf. Jean-Jacques Glassner, Directeur de recherche au CNRS (UMR 704), université Paris X, Nanterre, in Science&Vie Hors-série, n° 219, juin 2002, p. 32-35]. Cette magie du nom est aussi attestée, presque aux mêmes temps, par la civilisation concurrente de l'antique Mésopotamie. L'antique Égypte affirme aussi que le nom a le pouvoir divin de créer ou de donner la vie : « "Celui dont le nom est prononcé, celui-là vit", déclare Isis à Rê après que le serpent d'Isis l'a piqué au talon et alors que le venin s'est insinué dans les veines et qu'il progresse dans tous les membres de son corps. » (Pascal Quignard, Petits traités II, éd. Gallimard, 2002, Folio n° 2977, p. 105)

     

    Cette efficace divine est également reprise dans la genèse biblique qui raconte que le dieu créateur fit passer devant le premier homme tous les animaux de la terre pour qu'il donnât un nom à chacun d'eux : « (...) Il les fait défiler devant l'adam pour entendre le nom qu'il leur donne Chaque être vivant reçoit son nom de l'adam » (Genèse 2, 19, La bible nouvelle traduction, éd. Bayard 2005). Synthétisant les origines divine et humaine de l'oral et de l'écrit, ce récit antique souligne la spécificité humaine, exercée ici sur invitation divine, de cette faculté de nommer la réalité, de s'approprier et de dompter les êtres vivants en les nommant, en criant leur nom propre.

     

    Ici, c'est l'homme qui nomme et non le dieu créateur - le texte coranique, qui proclame l'omniscience divine exclusive, dira que le dieu-allah aura enseigné les noms au premier homme, lequel sera cependant la seule créature chargée de les proférer devant l'assemblée des anges, tel un nouveau Marduk humain -. Ici encore, il s'agit de noms propres, lesquels, dans l'univers édénique, peuvent seuls être employés par l'adam, le premier homme, l'homme dans son principe, dans son essence. Les interprètes de la tradition midrashique font finement remarquer que la traduction du terme hébreu adam-ma équivaut à homme-quoi ; l'adam ou l'homme qui pose des questions, l'adam ou l'homme qui donne des noms... Ne serait-ce pas la meilleure définition de l'humain ?

     

    Mais les anciens paraissent se méprendre sur le destinataire de l'efficace magique du nom propre.  Il ne permet ni de convoquer le signifié en tant que réalité, ni de maîtriser ou de dompter ce qui est nommé. Certes, si vous criez « Milou ! », votre caniche docile accourra peut-être, la queue frétillante, dans l'espoir de recevoir des caresses ou des croquettes, mais si votre caniche favori est sourd, vous aurez beau crier son nom, il ne continuera pas moins à chasser les papillons dans le jardin, malgré vos appels inutiles.

     

    De fait, le nom permet de familiariser le locuteur avec le signifié. Le nom sert à définir notre relation avec la chose nommée ; connaître le nom c'est connaître le signifié. En ce sens le passage biblique cité plus haut n'est pas tant l'illustration de l'autorité que le dieu créateur aurait conférée à l'homme en tant que roi du règne animal, mais plutôt du moyen donné à l'homme, ou dont l'homme est doté, de se familiariser à ce royaume, de ne pas y rester étranger. Si le nom fait entrer la chose qu'il désigne dans l'imaginaire et la conscience humaines et de cette manière la familiarise, l'humanise, il permet à l'homme, face à l'objet qu'il désigne, de se domestiquer, de se maîtriser avec lui, lui rendant propre ce qui était autre, il n'en est plus l'étranger. Le sujet fait partie de l'objet auquel il pense, comme l'objet pensé fait partie du sujet qui le pense, c'est-à-dire qui le nomme. Pour ce faire, le nom ne peut pas désigner l'objet auquel il renvoie ; il désigne son image, son reflet, son fantôme, son phantasme, son simulacre au sein de l'univers mental du locuteur. Non seulement il le désigne, mais il l'appelle, le convoque, et le crée. Si je parle d'un lapin blanc, ce lapin blanc ne peut pas s'installer dans ma chair, sauf si je suis un gourmet gourmand qui vient de savourer la chair douce et tendre de cet animal et que je rende compte de cette délicieuse expérience culinaire, mais par contre un ersatz de lapin blanc sera appelé dans mon esprit et dans celui de mon interlocuteur.

     

    En ce sens, les anciens ne se méprenaient pas en affirmant la magie du vocable ; sa profération permet d'invoquer, de faire surgir, de faire se lever en esprit ce qu'il désigne en tant que simulacre. Notre langue décrit ce phénomène en utilisant pour le nom le terme de vocable, de vocabulum dérivé de vocare qui veut dire appeler, alors qu'invoquer vient de in-vocare, appeler dans, au sein de l'univers mental. Le nom est un symbole, où le signe qui appelle et l'objet qu'il appelle et qui est un phantasme (l'image de la chose réelle) sont consubstantiels. Ainsi la pensée est-elle un rêve contraint par les symboles. Dans cet univers mental, nul écart ne distingue le signifié du signifiant ; alors le nom est la « chose » et connaître le nom de cette entité « virtuelle » permet d'avoir sur elle puissance et pouvoir. Aussi l'interprétation allégorique du passage de la genèse biblique est-elle irréfutable, laquelle fait valoir que les animaux figureraient les instincts et les passions de l'âme, que l'homme se doit de nommer pour les maîtriser et pour se domestiquer. Le nom est ici signe d'une représentation mentale, non seulement d'un objet mais aussi de la cristallisation d'un élément de la psyché avec sa dynamis.

     

    Il sied de rappeler ici l'importance que revêt pour tout être animé la « réalité » subjective, celle qu'il vit, ressent, éprouve, pense, imagine en son for intérieur, et qui détermine son mode de relation avec la réalité objective. Cet univers subjectif, avec ses entités, ses souvenirs, ses images, ses « ressentis », serait incommunicable sans la médiation des symboles partagés, qui ont la faculté de faire naître chez l'interlocuteur les images, sinon identiques à tout le moins similaires. Car l'homme est impuissant à parler de sa réalité intérieure singulière sans recourir aux éléments empruntés à la réalité extérieure, commune, et reconnaissable par tous. À l'origine, en son étymologie, le symbole est un objet, un jeton d'argile, coupé en deux dont les parties réunies permettent aux détenteurs de se reconnaître. Sans le langage la seconde partie du jeton manque ; l'esprit rêve ou imagine ou se souvient au moyen d'images, de fantômes et d'esprits, incommunicables.

     

    Le vocable, première partie du jeton d'argile, est collé à l'image qui en est la seconde. Ainsi le bateleur en tant que nom de la première lame du tarot est indissociable de cette carte et de son image richement coloriée.

     

    Avec le temps et l'usage, l'image pâlit, s'estompe, s'épure, se grise. L'image se fait concept ; le signe ne signe plus qu'un pâle souvenir de l'image désormais schématisée. La lettre aleph qui, à l'origine, désignait l'image du bœuf, n'en a retenu que la tête avec ses deux cornes, stylisée et inversée : A. Combien de métaphores, fréquemment utilisées, ont perdu la puissance électrique de leur court-circuit initial pour n'en garder qu'une idée, qui n'en est que le souvenir affaibli, un signe de signe, sorte de parfum d'un ancien symbole, proche de l'idée désincarnée.

     

    Le mot concept apparut dans la langue française en 1404 (Christian De Pisan, Charles V, 3, 5 dans QUEM. : Le concept des choses veues, sceues et oppinees par vrayes raisons). Il signifiait la faculté, la manière de se représenter une chose concrète ou abstraite ainsi que le résultat de ce travail, la représentation, synonyme de conception ; il signifie à présent la représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d'un support verbal, synonyme de catégorie, classe, schème, symbole, et par extension, dans la langue littéraire et culturelle, de l'idée. Le terme est emprunté au latin conceptus « action de contenir, de recevoir et le résultat de cette action » (de concipere - cum capio « prendre entièrement, contenir en parlant d'un vase, recevoir dans son sein les céréales, les semences, recevoir la fécondation, concevoir physiquement, puis figurativement recevoir dans son esprit, dans son âme...»).

     

    L'homme, étant incapable d'introspection, pour parler de sa vie intérieure use des termes utilisés pour qualifier une réalité ou un phénomène physiques. Le vocable qui nommait l'acte physique de fécondation de la terre, par analogie a signifié la fécondation de la femelle, puis celle de l'esprit ou de l'âme, pour ensuite nommer le fruit de cette fécondation, l'idée. L'idée initialement signalait la « forme visible » sous le terme idea, emprunté au grec, qui signifiait proprement « forme visible, aspect » d'où « forme distinctive, espèce », qui se rattache à voir (comme en latin species à spectare). Aussi ces termes d'origine différente ont-ils fini par se confondre dans la synonymie.

     

    Plus le concept se désincarne, s'épure et plus son signifié dissout sa singularité. La maxime selon laquelle tout ressemble à tout à une exception près ne se vérifie jamais tant que dans le monde conceptuel où foisonnent les synonymes qu'il convient de différencier. Aussi la pensée ne peut-elle être absolument conceptuelle. Le signe ne peut se contenter d'en référer à d'autres signes. Trop épuré, trop conceptuel, le vocable demande à être re-précisé, au moyen d'une nouvelle métaphore tirée de la vie matérielle

     

    Il n'en reste pas moins que le nom, tant que commun, reste un symbole largo sensu, au sens étymologique du terme ; il est la combinaison de deux parties, le signe et ce qu'il signe, ce qu'il fait lever en l'esprit.


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  • L'homme est un animal, un mammifère euthérien, placentaire. 
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    Aux yeux de l'humaniste, l'affirmation de notre animalité peut paraître iconoclaste ou blasphématoire. Le ressort de la culture et de la civilisation ne réside-t-il pas dans la volonté sinon de la nier du moins de l'occulter, au mieux de la surpasser, au pire de la tenir à l'écart ou de l'enfouir dans le tabou, dans le péché ou la détestation de l'impureté, toujours liée à la chair, manifestation trop évidente de cette part réprouvée, et par là même affirmée et confirmée ? - La tragédie de la civilisation ne réside-t-elle pas dans cette volonté si forcenée de vouloir humaniser l'animal humain qu'elle finit par le déshumaniser ? - Il n'en reste pas moins que la définition zoologique de l'homme a le mérite d'une évidence incontestable : l'homme est un « (...) mammifère primate de la famille des hominidés, (...) » (Le Nouveau Petit Robert, 1967, ad homme)
     

    Cet animal, dont la femelle porte des mamelles, se distingue en premier lieu par la bipédie de son maintien et de sa marche, en second lieu par sa faculté langagière, laquelle aurait été rendue possible par sa stature verticale qui, rejetant le crâne en arrière, aurait permis la descente du larynx et le développement des organes vocaux.
     

    La parole caractérise ce primate singulier. Un singe ordinaire peut se tenir debout, épisodiquement, comme un ours, ou plus durablement comme certaines races de gorilles ; aucun mammifère ne peut user d'un langage élaboré comme l'hominidé. L'homme est un singe, un gorille, un loup, un lynx, quelque fois un mouton ou encore un rat, voire un chien et même un cochon ou une taupe qui se tient debout, mais qui parle et qui, ainsi, est homme. Le verbe est humain. Tout ce qui est humain relève du discours. Toute action humaine individuelle ou collective relève du discours et ne peut être décodée que par le discours. La parole est la matrice de la conscience, de l'intelligence, de la préhension et de la compréhension humaines du réel.
     

    Mais, comme tout animal, l'homme est le jouet d'une pulsion fondamentale, celle du vouloir vivre qui participe du vouloir être, commun à tout être. Cette volonté animale revêt la double forme de l'instinct de survie, qui, par extension, génère les passions égoïstes, et de l'instinct de reproduction ou de se survivre, attirance vers autrui dans son altérité et sa complémentarité à la source des sentiments altruistes comme la générosité, l'amitié, la sympathie, la pitié, l'amour ou encore le désir érotique. La pulsion vitale est aussi le principe des émotions primordiales : l'attirance et la crainte, l'attrait et la fuite, le désir d'un bien ou de ce que l'on suppose tel et la répulsion d'un mal ou de ce que l'on devine tel, le bien étant défini comme la qualité de l'objet susceptible de nous contenter, de nous satisfaire, de nous procurer du bonheur ou du plaisir, a contrario le mal désignant ce qui peut nous nuire, nous menacer ou encore nous causer quelque malheur ou douleur. Le désir essentiel de vivre, la recherche du plaisir et l'évitement de la douleur, est secondé par cette faculté étonnante qu'est la mémoire.
     

    Sans souvenance, un être vivant ne saurait survivre dans son environnement, impuissant qu'il serait à s'y adapter. La mémoire permet, par la comparaison entre ce qui est et a été, de reconnaître une expérience. Elle permet de rendre « présent » ce qui est absent ; elle fait sentir un parfum depuis longtemps dissipé, entendre un son silencieux, voir un spectacle qui n'est plus qu'un mirage, mais qui émeut encore. C'est la matière première des « phantasmes » (au sens de l'image non seulement picturale mais aussi olfactive, auditive, gustative, tactile, affective) soumise au dynamisme de l'analogie, de l'association d'idées, du ceci-fait-penser-à-cela, qui est aussi le moteur propre aux rêves et à ces rêves éveillés que produit l'imagination, laquelle, partant du connu, permet d'aller à l'inconnu et de l'appréhender.
     

    Mais face à l'inconnu, qui n'est pas encore répertorié dans le champ de la mémoire ou qui ne rentre pas encore dans l'une des catégories de son inventaire, l'animal est incapable de savoir s'il est hostile ou bénéfique, ami ou ennemi. Alors l'esprit est comme une gazelle ou une panthère qui cesse de se désaltérer, redresse la tête et tend l'oreille, tous les sens aux aguets, sur le qui-vive, le quoi-arrive. L'inconnu mobilise l'attention, nous rend présents à la réalité insolite, nouvelle, encore innommable, inqualifiable, indéfinissable, ineffable, une réalité antérieure à l'expérience et au langage. Instant étonné où le monde comme représentation glisse vers le monde comme expérience. L'attention nous force, nous contraint à la présence face au réel, dans un sentiment où se mélangent crainte et désir encore indistincts. Umberto Ecco précise cette attitude en parlant d'indexalité ou d'attentionnalité primaire : «La fixation de l'attention a même lieu avant la curiosité, avant la perception de l'objet en tant qu'objet. C'est la décision encore aveugle par laquelle, dans le magma de l'expérience, j'individue quelque chose dont je dois rendre compte.» (Umberto Ecco, Kant et l'ornithorynque, éd. Grasset 1999, Le livre de poche n° 15026)
     

    Mais la pulsion vitale pousse l'esprit à ne pas rester dans l'inconnu, à ne pas se figer dans l'attention. La gazelle, trop longtemps immobilisée, risque de se voir définitivement immobilisée par le bond du prédateur ; la panthère trop longtemps vigilante risque de laisser le temps à sa proie au discernement plus rapide de prendre la fuite. Rien n'est pire pour le vivant que l'inconnu fascinant, ce mélange de répulsion et d'attirance.
     

    Or chez l'homme, pour les dépasser, de tels instants font ipso facto l'objet d'un acte de communication. Face à un fait saillant, insolite, inattendu ou surprenant, tel un lapin blanc qui saute d'un chapeau noir posé sur la table devant lui, l'homme éprouve le besoin de le signaler à ses semblables, de pointer l'index, de pousser un cri, de tirer son congénère par la manche et de partager avec lui cette expérience. Cette propension à partager sa curiosité, manifestée dès la petite enfance, serait systématique chez l'humain ; certains allèguent qu'il s'agit d'une attitude-réflexe propre à l'homme, qui serait à la source du langage, alors chargé de signaler à autrui le fait insolite. L'enfant, une fois nourri, reposé, après qu'il a suffisamment joué, qu'il a identifié ses géniteurs ou les substituts de ceux-ci, placé face au réel, qui lui est naturellement insolite, qui lui apparaît toujours dans sa fraîcheur et son innocence comme un lapin blanc qui saute d'un chapeau noir, se met à poser ces questions fondamentales quoi et pourquoi.
     

    L'esprit humain traduit l'étonnement de l'instant insolite ou saillant par le langage, par la question quoi-arrive, ou mieux par la question première, quoi, lancée par cet esprit qui ne supporte pas, qui n'accepte pas l'inconnu. Aussi la question de l'homme est-elle un appel. Un appel au secours ; un appel au dialogue. Le non-nommé appelle à être nommé, le sans-nom appelle le nom, la question appelle la réponse, le langage appelle le langage. Le nom appelle d'autres noms, il appelle la phrase ; la phrase appelle d'autres phrases, elle appelle le discours, qui lui-même en appelle d'autres. La parole invite la langue en acte.
     

    Plus précisément le nom général de la question appelle le nom particulier de la réponse. Quoi sous-entend quoi est-ce : certes cela est, mais cela est quoi plus précisément. Le quoi est-ce est la désignation générique du réel, mais qui ne dit rien d'autre que cela est, ce qui est insuffisant pour déterminer notre mode de relation avec cela qui est et partant insuffisant à l'appréhender. Le quoi est-ce est une tentative encore maladroite de prédation, de préhension, d'appréhension du réel, d'un fragment individué de celui-ci, qui cherche à se réaliser en appelant le nom, lequel servira à définir notre qualité de relation, notre mode de présence avec cela qui est. La question est une assertion qui étant trop générale demande à être précisée, singularisée, personnifiée. La question est un nom propre a contrario qui convoque son contraire. 

     


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